jean-françois boclé
Affranchissons

Affranchissons

Performance in the frame of Seule contre l'Univert, workshop (at the art center Bétonsalon, Paris) of Eva Barois de Caevel (searcher and curator).

Download (on the right on this page) the mail sent to the Mayor of 18th district of Paris.



Eva Barois de Caevel 's text about Affrichissons

Affrichissons

Jean-François Boclé a travaillé, durant le workshop, sur l’occupation physique du milieu urbain par des objets chargés de représenter symboliquement le bien-vivre dans des espaces qui ont pu paraître menacés, selon l’institution, d’échapper au contrôle et aux usages qu’elle recommande. Jean-François a choisi de travailler plus particulièrement sur un manège mécanique installé sur l’esplanade Nathalie Sarraute - qui jouxte la rue Pajol où Jean-François a son domicile - après son occupation par des migrant-e-s, des réfugié-e-s, en 2015. Le manège, entouré de grilles métalliques, surveillé, semblait avoir certaines fonctions.
Jean-François qui s’est intéressé à la symbolique du manège et à son fonctionnement dans ses formes les plus anciennes (force motrice centrifuge), a imaginé une sculpture, un manège à expulser, qui pourrait interroger plus ouvertement les desseins de certains éléments du mobilier urbain qui semblent être de piètres palliatifs au désastre… Le 29 janvier, il nous a présenté cet objet, ainsi que des documents qui ont accompagné son processus de travail (projet de courrier à adresser à la Mairie, croquis, photographies).
Entre-temps Jean-François a poursuivi son observation des stratégies d'occupation de l'espace public : quels nouveaux modes d'occupation ? Quels modes font leur retour ? Quel mobilier nomade s'invente ? Quelle matière à cette présence (sonore, olfactive) ?
Le fanzine est une documentation de ce qu'il est arrivé à cette ZAC Pajol, une réflexion sur qui se partage son territoire, sur le public auquel ce territoire s'adresse. Il contient le courrier adressé à la
Mairie.

Le 2 juillet, nous inventerons notre mobilier nomade, nous marcherons, occuperons, nous irons de l'esplanade à la boîte aux lettres. Nous posterons le courrier à la Mairie, tous ensemble. Puis nous reviendrons aux côtés du Collège Aimé Césaire pour partager un verre en musique — au son du RnB, de « BBHMM » et « sanga sanga » — sons que les habitants du quartier diffusent souvent à cet endroit, sur cette zone interstitielle de l’esplanade — non saturée de jardins partagés et de terrasses bondées — occupée par les jeunes et moins jeunes du quartier, sur les marches-bancs conçues pour eux par les urbanistes de la ZAC ; un presqu’assis, presque debout.


Le projet Seule contre l'Univert

La publication de cette série de fanzines est une manière de partager les recherches et les productions des participant-e-s du workshop « Seule contre l’Univert » (Eva Barois De Caevel, Jean-François Boclé, Patricia Cartier-Millon, Chrltt-Vctr, Garance Malivel, Chloé Roubert, Servane Varnese).

« Seule contre l’Univert » est un workshop conçu par Eva Barois De Caevel débuté en octobre dans le cadre du programme « Dark
Series » à Bétonsalon – Centre d’art et de recherche, et qui semble être amené à se poursuivre sous des formes que nous ignorons encore. Après une première réunion inaugurale proposée par Eva, une dizaine de personnes ont souhaité se rencontrer, discuter, partager des lectures ou entamer des recherches qui les ont menées vers la création de formes (ou l’envie d’en créer), l’écriture de textes, la compilation de documents, mais aussi à effectuer quelques promenades attentives. C’est une partie de ce travail qu’on a pu voir, lire et entendre le 29 janvier à Bétonsalon. Cette journée a aussi été l'occasion de lancer un fanzine, premier d'une série poursuivie avec les participant-e-s du workshop.

En lien avec l’exposition et la programmation de « Co-Workers: Beyond Disaster » à Bétonsalon, qui posaient la question de comment repenser aujourd’hui la notion de désastre, ses implications et ses dépassements possibles, « Seule contre l’Univert » invitait à identifier une situation de la vie quotidienne ainsi que les énoncés qui l’accompagnent, et à l’analyser au prisme des injonctions et des imaginaires contemporains qui écrivent et dessinent la manière dont nous devrions souhaiter vivre et considérer notre environnement au sens large. Les événements de ces derniers mois, en France, sont entrés dans nos vies et dans le contenu des fanzines. La vie quotidienne y est aussi présente ; et tout ce qui nous y interpelle et qui réclame d'être pensé, et qui réclame aussi de faire cette chose parfois difficile : prendre position.

Eva Barois de Caevel, curatrice et chercheuse




Manège installé par la mairie dans l’après-midi de l’expulsion des 241 réfugié-e-s et migrant-e-s du 29 juillet 2015.
Photo : Parismag.fr : Victor Nicolas, « Migrants : des logements, des oublis et un manège » (29 juillet 2015).


Détention pour tous ?
Pour interdire toutes nouvelles fixations de pratiques non gentrifiées/en voie de gentrification, un manège mort a été installé par la Mairie. Après des mois d’éco-partage et de fraternisation, les habitants se sont sentis floués : le lieu était devenu inerte : lorsque les petits chevaux étaient délivrés, sous la vigilance d’une vigie noire, seules deux grilles étaient ouvertes pour les enfants, les landaus et les poussettes. L’espace public nous déchirait de sa dialectique du cheval et du passant.
Jean-François Boclé, 2015






Le jardin partagé de la halle Pajol juste avant l’expulsion des 241 réfugié-e-s et migrant-e-s du 29 juillet 2015. Photo : Parismag.fr : Victor Nicolas, « Migrants : des logements, des oublis et un manège » (29 juillet 2015).

Le jardin partagé, un art de la symbiose 
Son architecture conçue autour d’une combinaison de palettes de transport, son approvisionnement régulier en légumes de saison grâce à la coopérative bio de la rue Pajol, ont favorisé dans l’espace public d’autres pratiques. Jean-François Boclé, 2015







Cordon policier à la halle Pajol après l’expulsion des 241 réfugié-e-s et migrant-e-s du 29 juillet 2015. Photo : Parismag.fr : Victor Nicolas, « Migrants : des logements, des oublis et un manège » (29 juillet 2015).
 

Ils n’iront pas plus loin 
Mais qui donc ? Les arrivants ou les gentrifiants ? Les gentrifiés eux, partiront bientôt avec l’eau du bain en périphérie urbaine. Jean-François Boclé, 2015







La rue Pajol dans les heures qui ont suivi l’expulsion des 241 réfugié-e-s et migrant-e-s du 29 juillet 2015. Photo : Parismag.fr : Victor Nicolas, « Migrants : des logements, des oublis et un manège » (29 juillet 2015).

Tout doit disparaître !
Évacuation-assainissement-réhabilitation-réaffectation de la voie publique. Synergie des personnels de la mairie de Paris : Police Municipale et Services de la voirie. Jean-François Boclé, 2015






Image trouvée sur Internet

Le manège à expulser
Manège à expulser proposé à la Mairie du 18e arrondissement de Paris pour l’Esplanade Nathalie Sarraute, à l’endroit du jardin partagé et du caroussel installé par la mairie dans l’après-midi de l’expulsion des 241 réfugié-e-s et migrant-e-s le 29 juillet 2015. D’une hauteur de 1,5 mètres et d’un diamètre à la base de 5 mètres (diamètre d'un caroussel), constitué de métal, de bois et d’un moteur électrique. Sa vitesse de rotation produira une force centrifuge telle que nul usager ne pourra s’y accrocher longtemps. Il sera violemment projeté vers le bas de la rue Pajol, à proximité du Temple Ganesh Teleggu, ou sous les quais de la ligne 2 entre La Chapelle et Stalingrad.









Présentation du projet de la performance Affranchissons au Centre d'art Bétonsalon (Paris, janvier 2016)
Le workshop d'Eva Barois de Caevel, Seule contre l'Univert, un projet invité dans le cadre de l'exposition Co-workers : Beyond Disaster.









Présentation du projet de la performance Affranchissons au Centre d'art Bétonsalon (Paris, janvier 2016)
Le workshop d'Eva Barois de Caevel, Seule contre l'Univert, un projet invité dans le cadre de l'exposition Co-workers : Beyond Disaster.

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