jean-françois boclé
Oseil Bonsu, UK-2015--ref600
Jean-François Boclé Tout doit disparaître !

in Pangaea II: New Art of Africa and Latin

America, Saatchi Galllery




Text of Oseil Bonsu, published in the catalogue of the group show Pangaea II: New Art of Africa and Latin America at the Saatchi Galllery (London, May - December 2015).

Saatchi Gallery



French below

Text of Oseil Bonsu, writer and independent curator

Jean-François Boclé’s metaphorical installations propose a wasteland in which the ruins of civilisation are shored against its discontents. The artist’s alchemical process involves bringing everyday objects into a network of relations, highlighting dialectics such as capitalism and consumerism, privilege and injustice, and so forth. His playful appropriations and gestures are rooted in the question of postcolonial consciousness and collective history. Bananas scarified with political text, Banania chocolate drawings, blown up carrier bags, and slashed cardboard boxes, become devises for the communication of historical narratives. Inevitably, they become infected by a multiplicity of meanings and associations with the introduction of the final component: an audience. 

Born in Fort-de-France, the administrative capital of Martinique, Boclé left the country in exile as a teenager. The notion of creolisation that defines the geographic and intellectual character of the Antilles is central to the artist’s exploration of history. The transnational, interracial and cross-cultural implications of colonialism form the bases of Boclé’s multidisciplinary practice. Toxicity, as it relates explicitly to ecological perils, but also to the environmental racism of colonial Europe set the stage for the artist’s interrelated references. Childhood memories plagued by feelings of displacement become rooted into a grand narrative of hybridisation and post-colonial identity. 

In his large-scale installations (Tout doit disparaître! /Everything Must Go, 2001) a sea of blue plastic bags form an abyss, a quasi-memorial to lives lost at sea during the transatlantic slave trade. The ubiquitous plastic bags of supermarket checkouts become air inflated, supplied with air to symbolise the priceless commodity that is life itself. His inverted monument signals what has been lost over the course of histories exchange, the quantity of bags channeling a symbolic force. Art becomes a stand in for an act of disappearance, the installation a site of loss beyond memory, making visible that which is unrepresentable. 

The sensorial capacity of Boclé’s installation is a product of its pluralism; which exists within a spectrum of different and confused meanings. The theory of creolisation, as pertinent to the artist’s own personal biography as it is to today’s art production, remains fixed to literary theorist Edouard Glissant’s “idea of an ongoing process capable of producing the identical and the different”. Boclé’s recapitulation of the colonial narrative is one where dehumanisation is translated into familiar art objects that find their ultimate paradox at sea, where the waves of the old, the new, and the global meet. 

© Osei Bonsu, 2014





Texte d'Oseil Bonsu, auteur et curateur indépendant

Les installations métaphoriques de Jean-François Boclé proposent une zone de friche dans laquelle les ruines de la civilisation reposent sur ses propres désenchantements. Le processus alchimique de l'artiste consiste à insérer des objets du quotidien dans un réseau de relations, mettant en évidence des dialectiques telles que capitalisme et consumérisme, privilèges et injustices, etc. La façon ludique qu'il a de s'approprier les choses et les gestes s'enracine dans la question de la conscience postcoloniale et l'histoire collective. Des bananes scarifiées d'écrits politiques, des peintures au chocolat Banania, des sacs éclatés et des boîtes de carton tailladées, symbolisent la communication de récits historiques. Ils se chargent inévitablement d'une multiplicité de significations et d'associations, sans oublier ce dernier composant : le public.

Né à Fort-de-France en Martinique, Boclé a quitté son pays à l'adolescence pour l'exil. La notion de créolisation qui définit l'essence géographique et intellectuelle des Antilles est au cœur de cette exploration artistique de l'histoire. Les implications transnationales, interraciales et interculturelles du colonialisme forment les bases de la pratique multidisciplinaire de Boclé. La toxicité, lorsqu'elle se rapporte explicitement aux périls écologiques qui affectent la planète, mais également le racisme ambiant de l'Europe coloniale, constitue la scène où se manifestent les références connexes de l'artiste. Les souvenirs d'enfance, contaminés par un sentiment de déplacement, vont s'enraciner dans un grand récit de l'hybridation et de l'identité post-coloniale.

Dans ses installations monumentales (Tout doit disparaître !, 2001) une mer de sacs de plastique bleu forme un abîme, sorte de mémorial pour ces vies perdues lors de la traite négrière transatlantique. Des sacs en plastique de supermarché emplis d'air, comme chargés d'oxygen, nous disent la richesse inestimable qui est celle de la vie elle-même. Son monument signale ce qui a été perdu au cours des échanges historiques tandis que le nombre de sacs drainent une force symbolique. L'art signifie alors un acte de disparition, l'installation un lieu de perte qui va au-delà de la mémoire, rendant visible l'irreprésentable.

La charge sensorielle de l'installation de Boclé résulte de son pluralisme qui déploie une gamme de significations variées et déroutantes. La théorie de la créolisation, pertinente tant au regard de la propre biographie de l'artiste que de la production artistique contemporaine, demeure attachée au théoricien et poète Édouard Glissant et à son "idée d'un processus en cours capable de produire de l'identique et du différent. Dans le retour qu'effectue Boclé sur le récit colonial, la déshumanisation se traduit par des objets familiers qui trouvent leur paradoxe ultime dans la mer, là où se rencontrent les vagues anciennes, nouvelles et globalisées.

© Osei Bonsu, 2014

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