jean-françois boclé
Tu me copieras
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Tu me copieras

Jean-François Boclé, Tu me copieras, 2004, video and audio installation, DVD (video played in a loop, duration : 27’ 30), wall school blackboard, 270x110x30cm (wood, piano hinges, blackboard painting, writtings on the blackboard white chalk), suspended audio earphone, two speakers, the "Code Noir" with preface of the artist released to the public, variable dimensions, solo show I Did Not Discover America, BildMuseet, Umeå, Sweden, 2008. © Jean-François Boclé /Adagp.

Jean-François Boclé, Tu me copieras, 2004, installation vidéo et sonore, DVD (vidéo diffusée en boucle, durée : 27’ 30), tableau d’école mural noir, 270x110x30cm (bois, charnières à piano, peinture pour tableau, écrits sur le tableau à la craie), casque audio suspendu, deux enceintes, le "Code Noir" avec préface de l’artiste diffusé au public, dimensions variables, exposition personnelle I Did Not Discover America, BildMuseet, Umeå, Suède, 2008. © Jean-François Boclé /Adagp.

 
 
Tu me copieras (in French, in between “You will copy me” and “You will copy”) questions History, its writing, its rewriting. Squealing, rubbing, chalk that breaks and falls floor, footsteps on the platform activate a memory, that of childhood: school, going to the blackboard, the student, the teatcher (Master).

A looped video: I write a text in white chalk. A headphones suspended in space. The spectator hears very distinctly the Code Noir and experiences a fall in these words which are dictated to him by ear: overwhelmingly, those who put this headphone to their ears since 2004 have never read or even skimmed through these words, we never told them reading of these 60 legal articles signed by Louis XIV and Colbert, sixty legal articles in force from 1685 to 1848 in which the status of “goods” and “movable assets” is conferred on beings humans enslaved.

The sponge has been passed through the history books of my childhood and how many others in order to relegate this major part of human memory, in the wave of consciousness. Because it makes the other memory crunch, collective that one, taught and transmitted.

The writings are superimposed and gradually saturate with chalk the blackboard covered by a white monochrome. I do not pass the sponge. As I write, I go blind. What other look that blindness supports the excess?
















Tu me copieras met en question l’Histoire, son écriture, sa réécriture. Crissements, frottements, craie qui se casse et tombe au sol, bruit de pas sur l’estrade activent une mémoire, celle de l’enfance : l’école, le passage au tableau, l’élève, le « Maître ».

Une vidéo projetée en boucle : j’écris un texte à la craie blanche. Un casque audio suspendu dans l’espace. Le spectateur y entend très dis­tinc­tement le Code Noir et fait l’expé­rience d’une chute dans ces mots qui lui sont dictés à l’oreille : en très grande majorité, celles et ceux qui mettent ce casque à leurs oreilles depuis 2004 n’ont jamais lu ou même parcouru ces mots, on ne leur en a jamais fait lecture de ces 60 articles juridiques signés par Louis XIV et Colbert, soixante articles juridiques en vigueur de 1685 à 1848 dans lesquels le statut de “marchandise” et de “bien meuble” est conféré à des êtres humains. 

L’éponge a été passée dans les livres d’Histoire de mon enfance et de combien d’autres afin de reléguer ce pan majeur de la mémoire humaine, dans le vague des consciences. Car elle fait crisser l’autre mémoire, collective celle-là, enseignée et transmise.

Les écrits se superposent et saturent progressivement de craie le tableau noir qui se recouvre d’un blanc monochrome. Je ne passe pas l’éponge. À mesure que j’écris, je m’aveugle. Quel autre regard que l’aveuglement soutient la démesure ? 


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