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Caribbean Hurricane
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Caribbean Hurricane

Jean-François Boclé, Untitled, series Caribbean Hurricane, 2010, ongoing, installation, ventilators (variable number and size, here: 3 of 65 cm diameter each), variable political colors (various strips of tissues  and plastic from bags), variable dimensionsDes grains de poussière sur la merCentre d'art contemporain La Ferme du Buisson, Noisiel, France, 2022. ©Jean-François Boclé /Adagp.

Jean-François Boclé, Sans titre, séries Caribbean Hurricane, 2010, ongoing, installation, ventilateurs (nombre et taille variables, ici : 3 de 65 cm de diamètre chaque), couleurs politiques variables (bandelettes de tissu et bandelettes provenant de sacs plastiques), dimensions variablesDes grains de poussière sur la merCentre d'art contemporain La Ferme du Buisson, Noisiel, France, 2022. ©Jean-François Boclé /Adagp.

SEE ALSO
Van Gogh Museum, Amsterdam, 2018
Habana Bienal, Cuba, 2012
Kunsthal KadE, Amersfoort, Netherlands, 2012

Caribbean Hurricane has also been 
 exhibited in 2010 (miXed, Parnassus Kerk, Ghent, Belgium) and in 2011 (Caribe Expandido, Domaine de Fonds Saint-Jacques, Martinique) and in Villa du Parc Centre d'art contemporain d'intéret national, Annemasse (France)Villa du Parc Centre d'art contemporain d'intérêt national, Annemasse (France).


Caribbean Hurricane at La Ferme du Buisson

[French below]
 
The Black Star Line Company, a defeated African-American & Caribbean heterotopia, envisioned a movement of people and goods, other than the one founded in 1492.

Caribbean Hurricane is a series of installation for varying number and size of fans and varying political colors (series started in 2010). In this version presented in 2022 at La Ferme du Buisson consisting of three 65 cm diameter fans, I combine the power of Nature in the Caribbean and the force of a dream in an immersive and pictorial mode.
I have a dream.


These fans refer to the three colors of the banners of the Universal Negro Improvement Association and African Communities League. The UNIA founded by Marcus Garvey in 1914 in Jamaica will have its first section in the United States in New York in 1917. Then, by extension, these colors are, for the artist, metaphorically that of the Black Star Line shipping company also founded by Garvey in 1919.

Red is the blood that unites all peoples with African ancestry and the blood of the struggle for liberation, black refers to black people as a nation, green is the abundance of African nature.

A heterotopic project in the American and Caribbean context for blacks at the beginning of the 20th century, also one of the first pan-Africanist gestures of this century. It was for Garvey to offer blacks another relationship to displacement. The Black Star line was intended to redistribute the relationship to space: these ships first linked the United States, Central America and the Caribbean. They were also intended to allow the return of blacks to Africa (in Nigeria for example).

These ships faced a dystopia that Garvey knew well, that of the United Fruit Company's banana cargo ships and its Banana Republics. The Black Star Line, a defeated African-American & Caribbean heterotopia, envisioned a movement of people and goods, other than the one founded in 1492. The Caribbean was a hub (Puerto Limon in Costa Rica, or Jamaica from where was originally from Garvey). The BSL was also a countermeasure to other "conquests of the world", those of the banana cargo ships of the United Fruit Company (United States-Jamaica-Puerto Limon). Garvey worked like so many Jamaicans for the UFC in Limon. The UFC, under other names (Dole, Chiquita Banana) still operate today in Costa Rica or in the Colombian Zona Bananera. Guadeloupe and Martinique also have their banana-monoculture export, and its toxic and annihilating consequences, the poisoning with chlordecone set up by Paris and the big planters of Martinique.

This political and pictorial cyclone that Boclé brings into the white cube and overwhelms the public says that the Caribbean is as much traversed by sometimes destructive natural forces as by fracture lines where man is as capable of dystopia as of heterotopic responses.

Red, black and green are also the colors of an independence flag in the Caribbean. Red represents socialism, black the fight for the black cause and green for the peasantry. In Martinique, these colors would also have appeared from 1665 during slave revolts led by Francis Fabulé a "Nèg Maron" who would have fought with the Caribbean against the French colonists. They would have been taken up again in 1801 during a slave revolt in Carbet by Jean Kina, and in 1870, during the Great Southern Insurrection during which the insurgents would have worn scarves or red, green and black headbands as a sign of rallying.
Should we see the playfulness of the artist who brings back to the Ferme du Buisson, the colors of a defeated Caribbean political tectonics, after the Van Gogh Museum in Amsterdam (2018, solo show as part of the exhibition Gauguin and Laval in Martinique), the Kunsthal KadE in Amersfoort (2010, Netherlands) and the Villa du Parc contemporary art center (2022, Des grains de poussière sur la mer)? It's up to the public to decide.






La Black Star Line Company, une hétérotopie Africaine-Américaine & Caribéenne vaincue, envisagea un déplacement des personnes et des marchandises, autre que celui fondé en 1492.


Caribbean Hurricane est une série d’installation pour nombre et taille variables de ventilateurs et couleurs politiques variables (série débutée en 2010). Dans cette version présentée en 2022 à La Ferme du Buisson constituée de trois ventilateurs de 65 cm de diamètre, j'allie la puissance de la Nature en Caraïbe et la force d'un rêve sur un mode immersif et pictural. I have a dream.

Ces brasseurs d'air renvoient aux trois couleurs des étendards de Universal Negro Improvement Association and African Communities League. L'UNIA fondée par Marcus Garvey en 1914 en Jamaïque aura sa première section aux Etats-Unis à New York en 1917. Puis, par extension ces couleurs sont, pour l'artiste, métaphoriquement celle de la compagnie maritime Black Star Line également fondée par Garvey en 1919.

Le rouge correspond au sang qui unit tous les peuples ayant des ancêtres africains et celui de la lutte pour la libération, le noir renvoie au peuple noir en tant que nation, le vert c'est l'abondance de la nature d'Afrique.

Un projet hétérotopique dans le contexte américain et caribéen vis à vis des Noirs au début du XXe siècle, également un des premier geste panafricaniste de ce siècle. Il s’agissait pour Garvey d’offrir aux Noirs un autre rapport au déplacement. La Black Star line avait pour vocation de redistribuer le rapport à l’espace : ces navires reliaient en premier lieu les Etats-Unis, l’Amérique Centrale et la Caraïbe. Ils avaient aussi pour vocation de permettre le retour des noirs en Afrique (au Nigeria par exemple).

Ces navires faisaient face à une dystopie que Garvey connaissait bien, celle des cargos bananiers de la United Fruit Company et ses Républiques bananières. La Black Star Line, une hétérotopie Africaine-Américaine & Caribéenne vaincue, envisagea un déplacement des personnes et des marchandises, autre que celui fondé en 1492. La Caraïbe en était une plaque tournante (Puerto Limon au Costa Rica, ou la Jamaïque d'où était originaire Garvey). La BSL était aussi une contre mesure à d'autres "conquêtes du monde", celles des cargo bananiers de la United Fruit Company (États-Unis-Jamaïque-Puerto Limon). Garvey travailla comme tant de jamaïcains pour la UFC à Limon. La UFC, sous d'autres noms (Dole, Chiquita Banana) agissent aujourd'hui encore au Costa Rica ou dans la Zona Bananera colombienne. La Guadeloupe et la Martinique ont aussi leur banane-monoculture d'exportation, et ses conséquences toxiques et annihilantes, l'empoisonnement à la chlordecone mis en place par Paris et les grands planteurs de Martinique.
Ce cyclone politique autant que pictural que Boclé fait rentrer dans le white cube et dont il submerge le public dit cette Caraïbe aussi bien traversée par des forces naturelles parfois destructrices que par des lignes de fractures où l’homme est aussi bien capable de dystopie que de réponses hétérotopiques.

Le rouge, le noir et le vert sont aussi les couleurs d'un drapeau indépendantiste en Caraïbe. Le rouge représente le socialisme, le noir, le combat pour la cause noire et le vert celui pour la paysannerie. En Martinique, ces couleurs seraient aussi apparues dès 1665 lors de révoltes d’esclaves menées par Francis Fabulé un « Nèg Maron » qui aurait combattu avec les Caraïbes contre les colons français. Elles auraient été reprises en 1801 lors d’une révolte d’esclaves au Carbet par Jean Kina, et en 1870, lors de la Grande insurrection du Sud durant laquelle les insurgés auraient arboré des foulards ou des bandeaux rouge, vert et noir en signe de ralliement.
Faut-il y voir l'espièglerie de l'artiste qui fait rentrer à la Ferme du Buisson, les couleurs d'une tectonique politique caribéenne vaincue, après le Musée Van Gogh d'Amsterdam (2018, solo show dans le cadre de l'exposition Gauguin et Laval en Martinique), le Kunsthal KadE à Amersfoort (2010, Pays bas) et le Centre d'art contemporain Villa du Parc (2022, Des grains de poussière sur la mer) ? C'est au public à se prononcer.


 

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