Camouflable est un abri pour le corps, une architecture nomade conçue pour l’espace urbain. Il est constitué d’une structure articulée qui se porte aux épaules. Cette cage de métal est recouverte d’une enveloppe de sachets plastiques, collectés sur les trottoirs et dans les magasins, et cousus les uns aux autres. Elle permet une position debout et une position couchée, l’inscription et la disparition dans l’espace public.
Cette structure de métal est conçue à l’exacte sur le modèle des vertugadins du XVIIe siècle espagnol qui hypertrophiaient les hanches des femmes et par là les effaçaient, les camouflaient. Ces parures se dressaient entre elles et le monde, modelant un corps apolitique, diminué, à l’opposé du costume masculin conçu pour la mobilité du corps, un corps politique fantasmé comme seul maître et acteur de la polis.
La peau de sacs plastiques collectée dans le XVIIIe arrondissement de Paris dresse une cartographie d’un quartier populaire, un morceau de ville marqué par les déplacements, exils, entraves et une exclusion du politique - de la vie de la cité/polis-, où un grand nombre de migrants, ou de personnes issus de la migration, vivent ou viennent y trouver comme moi, des produits de consommation provenant d’Afrique du Nord, d’Afrique Subsaharienne, des Caraïbes ou d’Asie. Des produits bien souvent vendus dans ces sacs plastiques caractéristiques. Ces sacs, objets nomades et volatils, sont des marqueurs de ce lieu-là tout autant que marqueurs d’une certaine urbanité-Monde.